Un récit inspiré, ultra créatif et drôle à en perdre ses chaussettes
Il faut faire rembourser les romans de Thierry Brenner par la sécurité sociale.
Non, vraiment. Dans le contexte actuel, ses récits, et Elle Est Lui ne fait pas exception, sont une hilarante descente dans la folie douce, sans pour autant que le roman ne manque de structure.
Thibault et Manon, sur un presque malentendu, se prennent les pieds dans le tapis et commencent à travailler le roman de la jeune femme façon cadavre exquis. Facile ! Sauf quand on a un esprit débridé, un sens de l'absurde, un humour comme un cheval au galop et que l'amour vient mettre son museau dans ce joyeux bazar...
Thierry Brenner n'est pas tout seul dans sa tête, et Elle Est Lui en est la fantastique preuve. Dès les premières phrases, le rythme enlevé est posé, ainsi qu'un vrai sens de l'absurde que Boris Vian lui aurait bien soufflé. Ici, pas de récit diesel, on part au quart de tour, et l'auteur part du principe que son lecteur n'a pas besoin d'être cajolé par des sur-explications. Et c'est tant mieux !
Il y a dans l'écriture de l'auteur une volonté de bouleverser l'ordre établi. Aussi, le roman lorgne presque du côté du scenario, le genre frôle l'indéfinissable tant on passe de la romance au mystère, avec une bonne touche de comédie et même des flashs de thriller et des paillettes de drame, et les personnages sortent totalement des cadres pour n'obéir qu'à leurs propres codes. Le résultat ? Un récit savoureux, à mourir de rire, qui palpite aussi vite qu'il court, et qui offre des instants de vraie émotion calibrée et qui fait merveilleusement impact.
Les références culture pop sont partout, et font appel à une mémoire collective qui rajoute une touche un peu magique, puisqu'elle crée un lien entre le lecteur, le récit, et l'auteur, qui n'a pas peur de bombarder allègrement le 4eme mur toutes les trente pages. L'auteur ne se contente pas de raconter une histoire belle et folle, il prend le lecteur comme témoin, s'adresse à nous par ses personnages, et ne croit résolument pas en une lecture passive. S'il le pouvait, Thierry écrirait une porte virtuelle pour nous faire tomber dans son récit. Et on se laisserait faire avec joie !
Sans surprise, les personnages sont uniques, hauts en couleurs, bien construits et ils ont tous leurs propres agendas et objectifs. L'écriture est ultra-fluide, drôle, il y a un déséquilibre entre les dialogues et les parts de récit pur, les conversations l'emportant sur le reste, mais c'est la signature de l'auteur, et ce serait vraiment dommage de s'en priver. L'auteur n'est pas un contemplatif, il est dans l'action, et ça explose de vie, d'envies et de surprises.
Pour conclure, ce roman est un feu d'artifice de joie, de créativité et de références. Est-ce qu'il plaira à tout le monde ? Peut-être pas. Est-ce qu'il faut quand même lui donner sa chance ? Absolument. Rire est une des rares choses encore gratuites, et ce serait dommage de s'en priver.
⭐ Les notes en détail
Les personnages sont hauts en couleur, spectaculaires dans leurs obsessions et leurs envies, et sont un moteur en soi. Très peu de clichés ici, et un vrai travail est fourni par l'auteur pour transformer ses protagonistes en personnages 4D.
Grâce a ce rythme enlevé, et à l'humour qui éclate comme des milliers de bulles de savon, tout le temps et avec efficacité, on plonge tête la première dans le récit et on ne peut pas vraiment laisser le roman de côté.
Le style est fluide, palpitant, rapide. Parfois on peut un petit peu se perdre dans les références pop, mais l'auteur sait nous remettre dans les rails.
Elle tient la route tout en se permettant régulièrement de s'auto-renverser. Difficile de parler d'une intrigue au sens propre, on parle plutôt d'un festival de micro-intrigues qui se tiennent plutôt très bien.
Tout comme l'atmosphère, on ne plonge pas dans le roman, on est poussé dedans par l'auteur qui ne perd pas de temps en ronds de jambe. Comme le récit part à toute vitesse, on est tout de suite dans le grand bain !
Lire Thierry est toujours une expérience un peu folle, réjouissante et captivante, et j'adore sa façon de ne pas céder au moule du conformisme. C'est comme bondir dans un spectacle haut en couleurs, où les intrigues sont pleines de surprises, et il ne faut s'attendre à rien, ou alors, à tout. Les références pop sont un bonheur.
Publié le 10 novembre 2023