Le roman est classique sur la forme : c'est l'histoire de la vie amoureuse de Caroline, qui vit sur des montagnes russes d'émotion, toujours curieuse, jamais rassasiée, souvent paradoxale dans ses envies. Mais le fond pose un postulat finalement assez rare : quand donc une femme doit-elle, par pression de la société, arrêter d'obéir à ses désirs, et pourquoi est-ce que Caroline refuse catégoriquement ce système. L'histoire se pose sur plusieurs décennies de la vie de notre protagoniste, et sur l'aveu d'un amour d'un copain qu'elle n'avait pas pris le temps de voir autrement. Elle va casser son quotidien bien rangé pour aller chercher autre chose, pour se faire peur, pour se faire plaisir aussi, pour assumer sa nature de gourmande des choses de la vie. Et elle se rend compte que les compromis et les rencontre à mi-chemin, c'est pas trop son truc. C'est ce qui fait d'elle un personnage fabuleusement moderne, loin des clichés de la nana qui obtient ce qu'elle veut et cesse de vouloir autre chose. Caroline a envie de vies, au pluriel. Le roman est très fluide, bien construit et bien écrit, et suit une ligne temporelle traditionnelle. Parfois, on peut regretter que certains éléments manquent d'approfondissement, comme son abord de la maternité qui est, à mon goût, un peu limité, mais elle est toujours claire même quand ses état d'âme ne le sont pas, et ses questionnements sont toujours pertinents. C'est presque un journal, qui vient aussi souligner la façon abrupte, parfois tragique, parfois comique, dont la vie donne et reprend les choses. On sourit avec elle, on pleure parfois aussi, et surtout, on se prend à vouloir qu'elle trouve enfin cette paix qui est si difficile à appréhender. C'est un joli roman, un peu feel good mais pas tout à fait, qui prête à réfléchir.