Quand on a grandi dans une famille nombreuse, enfant du milieu, affirmer son unicité n’est pas évident...Pourtant, parmi les 6 enfants de la famille Spatzli, on peut dire que Didier se démarque. Et pour cause : il souffre d’une poliomyélite qui le paralyse des jambes. Et être constamment en fauteuil roulant, c’est pas facile au quotidien…Jusqu’au jour où Didier en a assez. Terminé, il ne sera plus le boulet de la famille, celui qui gêne, qu’on oublie, qu’on pointe du doigt. Il va se venger, devenir un héros qui marquera l’histoire...mais comment ? Premier point que je tiens à mettre en avant, c’est la profondeur psychologique du récit qui domine de manière subtile. On entre vraiment dans la peau d’une personne atteinte d’un handicap moteur, et sa souffrance quotidienne. On mesure alors la dépendance, la frustration, le sentiment d’être incompris, exclus voire méprisé. Une thématique lourde que l’autrice a su amener avec brio sans tomber dans le pathos, et l’identification au protagoniste nous bouleverse, nous ouvre et nous enrichi socialement et intellectuellement. L’autre atout majeur concerne le style : c’est très drôle, car Didier est assez cynique, sarcastique, direct et n’a pas sa langue dans sa poche ni peur de vexer! Et pourtant, réussir à écrire sur le handicap avec humour, c’est un exercice difficile, relevé ici avec art ! Les situations familiales sont très crédibles et franchement amusantes ! Enfin, c’est un livre qui se lit facilement grâce à la brièveté des chapitres, la simplicité de l’intrigue et la concision du style. C’est peut-être justement les petites choses que j’ai à reprocher à ce roman : ça va souvent un peu vite, plusieurs séquences auraient pu être ajoutées ou développées pour rendre l’intrigue plus crédible et prenante. Par ailleurs, les dialogues sont parfois un peu plats et redondants, c’est dommage. Mais ce sont des détails, et franchement c’est un beau roman, à la fois drôle, original et profond, pour lequel je félicite l’autrice (qui en outre est adorable!)