Le Médaillon se pose dans l'héritage des romans YA fantastiques qui place ses héros dans le tourbillon de la vie d'élu qui se confronte à une existence d'adolescent traditionnel, avec un twist : les légendes celtes qui viennent illuminer le roman. Julie est une jeune femme presque comme toutes les autres. Sa sensibilité et son approche de la nature sont surdéveloppées, et elle essaie de trouver sa place dans un monde qui lui semble de plus en plus noir. Et puis, un jour d'anniversaire, son destin se met brusquement en marche, et elle n'a d'autre choix que de suivre. Tous les adolescents se croient uniques, mais...Et si Julie l'était vraiment ? Et surtout, possède-t-elle les forces et les ressources pour embrasser ce futur qui ne lui épargnera rien ? Le tout premier abord que le lecteur confronte, c'est ce prologue incroyable. Depuis une maîtrise totale de l'action et de l'urgence, qui rend l'écriture palpitante, haletante, même, jusqu'à une peinture ultra-réaliste de la forêt dans laquelle le personnage est lancé dans une course infernale. Tout est précis, clairement articulé, efficace au plus haut point. Il faut au lecteur moins de quelques secondes pour tomber dans le roman tête la première, sans pouvoir rester en retrait. C'est engageant, inquiétant, vraiment extrêmement fort. Pour un prologue, c'est un très, très bon exemple de ce qu'il faut faire pour capter le lecteur de façon immédiate. C'est un immense point positif. Les premiers chapitres, en revanche, tendent à perdre un peu cet effet magique du prologue. Le contexte met un peu moins du tiers du roman à se mettre en place, et on se retrouve avec une sensation d'herbe coupée sous le pied. L'histoire de Julie est intéressante, mais le contraste entre le prologue et l'incipit est assez fort, et le rythme construit avec tellement de précision retombe un peu et mets longtemps avant de revenir. C'est un peu dommage de ne pas surfer sur ce prologue extraordinaire, même si la mise en place du contexte est nécessaire, voire obligatoire. Cependant, la construction de Julie a de nombreuses qualités. Elle est originale, elle a une vraie sensibilité qui colle totalement à son destin, et elle évolue de façon crédible et psychologiquement réaliste, et elle a une vraie façon de poser un regard sur le monde qui lui est propre. Autour d'elle, certains personnages sont très bien construits (son entourage familial), alors que d'autres pâtissent un peu d'une construction manichéenne (globalement l'entourage scolaire qui ne sont pas professionnels). De façon générale, l'esprit manichéen est très présent dans le roman, les nuances entre le bien et le mal sont inexistantes ou trop floues. Or, pour créer la menace et faire adhérer le lecteur, installer ces nuances est important pour ne pas donner l'impression que les choses sont trop évidentes, et pour donner l'espace aux personnages pour prendre des choix. La mythologie typée celte crée dans les deux tiers finaux du roman est assez intelligente. Les grandes lignes sont reprises, l'esprit de la Bretagne et de ses mystères y est, bien que repris par l'autrice, et on saisit assez bien l'enjeu central. Cependant, la revisite des archétypes du genre n'est pas poussée jusqu'au bout. Les relations entre les personnages sont assez crédibles, et évoluent avec sens. L'hypersensibilité de Julie laisse son empreinte partout, ce qui est très bien vu. Elle voit le monde à travers un prisme différent, et l'autrice ne le perd jamais de vue, et l'insuffle dans tout son parcours initiatique. C'est un élément de construction fort et porteur. Il y a une vraie présence de la magie et de l'ésotérisme dans le roman, et de façon évidente, l'autrice maîtrise ses principes. Cependant, pour quelqu'un de profane, les concepts peuvent paraître confus, ou difficile à comprendre. Sans pour autant faire un cours qui casserait le rythme, peut-être serait-il nécessaire de rajouter des notes de fin de page, ou un addendum de début ou de fin de roman pour éclaircir les lanternes des non-initiés, d'autant que ces concepts sont importants dans le roman. De façon générale, il y a beaucoup d'idées très très riches, très construites, et très porteuses, qui mériteraient une vraie piste d'envol qui se sépare de son manque de nuances dans la relation entre le bien et le mal, et de se séparer des archétypes du genre. En soulageant le roman de cet aspect moins maîtrisé, nul doute que Le Médaillon à toutes les chances de devenir une référence fantastique de la littérature YA.