Bienvenue dans l’univers de Margot Dupain, une ado de 15 ans pas tout à fait comme les autres. Margot traîne avec elle une petite différence physique, assez pour être stigmatisée, moquée, incomprise. Le genre de chose qui te colle à la peau et t’éloigne un peu plus chaque jour des autres. Et quand une réunion de famille dégénère… disons que pousser sa belle-sœur dans le barbecue n’était peut-être pas la meilleure des idées …. Résultat : punie, direction la maison des grands-parents pour des vacances sous surveillance rapprochée. Mais ce qui s’annonçait comme une punition va vite se transformer en plongée vertigineuse dans un monde parallèle, entre événements surnaturels, créatures magiques, secrets familiaux enfouis et complots célestes. Margot va découvrir un univers insoupçonné, un monde aussi dangereux que fascinant, dans lequel elle devra apprendre à se repérer, se former, et surtout, trouver sa place. Car elle pourrait bien être la clé de bien des mystères... Le très gros point fort de ce roman, c’est clairement son univers. Max Thareau nous offre un worldbuilding dense, original, foisonnant, presque labyrinthique par moments. Chaque détail semble avoir été réfléchi, chaque créature, chaque règle, chaque nom a son importance. C’est un monde complexe, mais cohérent, et le lexique en fin d’ouvrage est vraiment bienvenu, surtout pour les lecteurs moins familiers avec la fantasy. Ce n’est pas un simple décor, c’est une mythologie à part entière qui sert de base à toute l’histoire. Heureusement, l’auteur parvient à alléger le côté très descriptif de son univers avec pas mal d’action, un humour subtil et efficace, et des situations rocambolesques qui rythment très bien le récit. On s’attache facilement à Margot, qui est loin d’être une héroïne parfaite, mais justement, ça fait toute sa force. Il y a même un petit début de romance, bien dosée, qui ne prend pas le pas sur l’intrigue principale. Ce roman, au-delà de la magie et des créatures célestes, parle aussi de la différence, du sentiment d’exclusion, du besoin de reconnaissance, de la résilience et de cette quête d’identité que tout ado (ou adulte !) connaît un jour ou l’autre. C’est aussi une belle histoire sur la tolérance et l’acceptation de soi. Je recommande ce roman en priorité aux ados et jeunes adultes, surtout ceux qui ont déjà un petit goût pour la fantasy. Pour les lecteurs novices, le début peut être un peu déstabilisant à cause de la densité de l’univers, mais une fois immergé, on en redemande. Ce premier tome pose des bases solides pour la suite de la saga La guerre du Conte, et je suis curieux de voir jusqu’où l’auteur va nous emmener. En bref, un très bon moment de lecture, un récit safe, porteur de beaux messages, immersif et créatif, avec un univers bien à lui. Margot Dupain n’a pas fini de faire parler d’elle, et franchement, tant mieux.